galerie lillebonne

Exposition à la galerie Lillebonne, Nancy
galerie Lillebonne 2

L’exposition dont il est question aujourd’hui m’a permis de découvrir un artiste peintre de Metz, Fabien Claude.

Quand je me suis approchée de la Galerie Lillebonne, en venant de la place Saint-Epvre, j’ai entraperçu des toiles de l’exposition représentant des corps nus et décharnés sur des croix. Je me suis dit que cela n’allait pas être bien gai. J’ai eu un peu peur, pour être tout à fait honnête. Et puis je suis entrée, j’ai pris d’autres tableaux en pleine face et je suis restée coite.

D’un point de vue purement plastique, les œuvres de Fabien Claude sont très belles. Les couleurs sombres sont admirablement traitées car les toiles restent lumineuses. Le noir n’est pas ombre ou ténèbres, il est densité.

Ce qui m’a subjuguée, c’est l’exécution obsessionnelle d’une même figure, toujours plus déformée, toujours plus effacée. Cela m’a fait penser à un (mauvais) rêve qu’on refait chaque nuit, qu’on essaie de restituer mais que la mémoire tord dans tous les sens. Il y a dans les œuvres de Fabien Claude présentées à la Galerie Lillebonne cette part d’inconscient qui nous échappe, terreau fertile de l’onirisme et du mythe cathartique.

Comme il est bon de ne pas se fier à son premier regard parfois, de ne pas rester dans sa zone de confort ! Cela permet de faire, comme ici, d’agréables découvertes.

La petite araignée

esaa de troyes

Exposition à L’Esaa de Troyes

Exposition à l'Esaa de Troyes

L’INFIME DIFFERENCE. C’est un pari réussi pour Séverine Nomdedeu, responsable de l’École supérieure d’arts appliqués, qui propose des artistes toujours plus différents à travers les expositions artistiques organisées au sein de l’établissement à Saint-Martin-es-Aires. « Fabien Claude se situe dans la lignée de Jean Rustin avec un travail très profond, presque millimétré », explique-t-elle.

Avec des tableaux sombres et épurés aux sujets religieux, et des portraits noirs répétitifs, ce peintre de renommée désormais européenne présente une partie de son œuvre qui, de prime abord, semble très tourmentée. En fait, il s’agit d’une peinture longuement réfléchie et travaillée sans relâche depuis de nombreuses années, car pour Fabien Claude, l’intérêt « est de travailler sur l’infime différence entre deux toiles ».

Sa conception de l’art est très simple : « Il y a deux manières de considérer la peinture : on peut sauter d’un sujet à l’autre, sans avancer techniquement ; ou alors rester sur le même sujet et avancer millimètre par millimètre. Il n’y a rien de plus beau que la fidélité ».
Fabien Claude se positionne en miroir avec la peinture ancienne. En assurant qu’ « aujourd’hui, la peinture n’a plus d’existence que par rapport à son histoire », l’artiste souligne l’absence de renouveau dans l’art contemporain. Il n’y a donc que la technique qui peut lui donner satisfaction, comme le long et laborieux travail sur la couleur noire en témoigne. «J’aime le noir : réussir à créer de la profondeur sur un aplat de noir ou utiliser de la couleur or pour créer de l’obscurité est fascinant ».

Il est certain que la peinture de Fabien Claude ne s’aborde pas facilement. Mais le public ne peut pas en sortir indifférent.

Alexandra Trubat