Rose et Rapine article de Noorbergen

Fabien Claude – ROSE ET RAPINE

Les vrais grands peintres, de Fabien Claude à Gérard Titus-Carmel, savent écrire, et parfois remarquablement. Dans la lignée de la plus haute écriture, celle des aphorismes, Fabien Claude, aux confins des attendus du genre, brûle la parole poétique et secoue les évidences langagières. Chaque phrase d’une terrible densité écourtée est une secousse verbale. Il s’agit pour ce peintre de l’âpreté et de la tension d’“Intensifier l’obscur“, “La tête fendue par un orage de boue.

Beau peintre, Fabien Claude, qui vit et œuvre à Metz, écrit depuis longtemps. Son écriture fine et décalée s’approche parfois grands aphorismes elliptiques de René Char ou de Michaux. Ainsi, en quatre mots aigus : “Voix d’orage n’articule pas“. Mise en déroute des siestes mentales, et des ordres du monde… Et jamais le langage ne se referme, dans l’échéance toujours repoussée de la paix des mots-maux. La tyrannie du sens n’est pas son fort.

Chaque courte phrase, ciselée au scalpel, ouvre un territoire mental où la parole attendue a disparu. D’intensité maximale, chaque vocable est d’éclair verbal, et plus proche de l’impossible non-dit que du dire que du pensable reposant. Lecture exigeante, donc, et très heureusement. Ses mots, rares et décantés, font demeure nue aux écarts du monde. Fabien Claude crée de l’altérité verbale à chacune de ses paroles. Il s’agit pour lui de “Lancer des flèches au lieu de construire“, dans l’espace ouvert de l’autre pensée.

Christian Noorbergen, le 22 septembre 2023

Aralya

Le mage hors d’homme

FABIEN CLAUDE LE MAGE HORS D’HOMME

L’aphorisme selon Fabien Claude 

Fabien Claude est peintre et écrivain ou plutôt poète qui porte l’aphorisme dans une incandescence particulière pour intensifier l’obscur par l’éclat d’une lumière qui devient noire sur le blanc des pages.
Il s’agit de Parler à un miroir rempli de nuit, / dans une sorte d’égalité en des exercices d’intensité âpre pourLa crue d’une rose. / dans un chapelet de semences. Elle fait lever la pensée à mesure qu’elle s’accroit par les mots de ce livre peu à peu tapissé de fenêtres en une sorte de lieu du non-lieu.
L’être est donc soumis à une pression particulière loin des repos de l’âme. Et ce à coups d’éclairs verbaux qui relient l’impossible au pensable, autant à l’écart du monde que dedans. Le tout vers ce qui ne se pense pas encore mais qui trouve ici une ouverture.

Jean-Paul Gavard-Perret

galerie lillebonne

Exposition à la galerie Lillebonne, Nancy
galerie Lillebonne 2

L’exposition dont il est question aujourd’hui m’a permis de découvrir un artiste peintre de Metz, Fabien Claude.

Quand je me suis approchée de la Galerie Lillebonne, en venant de la place Saint-Epvre, j’ai entraperçu des toiles de l’exposition représentant des corps nus et décharnés sur des croix. Je me suis dit que cela n’allait pas être bien gai. J’ai eu un peu peur, pour être tout à fait honnête. Et puis je suis entrée, j’ai pris d’autres tableaux en pleine face et je suis restée coite.

D’un point de vue purement plastique, les œuvres de Fabien Claude sont très belles. Les couleurs sombres sont admirablement traitées car les toiles restent lumineuses. Le noir n’est pas ombre ou ténèbres, il est densité.

Ce qui m’a subjuguée, c’est l’exécution obsessionnelle d’une même figure, toujours plus déformée, toujours plus effacée. Cela m’a fait penser à un (mauvais) rêve qu’on refait chaque nuit, qu’on essaie de restituer mais que la mémoire tord dans tous les sens. Il y a dans les œuvres de Fabien Claude présentées à la Galerie Lillebonne cette part d’inconscient qui nous échappe, terreau fertile de l’onirisme et du mythe cathartique.

Comme il est bon de ne pas se fier à son premier regard parfois, de ne pas rester dans sa zone de confort ! Cela permet de faire, comme ici, d’agréables découvertes.

La petite araignée

éclipses

Éclipses – Yvon Canova

Editions Jacques Flament

Eclipses, livre de Yvon Canova, éditions Jacques Flament

ANATOMIES PAR TEMPS DE NUIT. La nuit enfin. Elle est sans lune, sans astre. C’est le désastre qui, plus qu’il ne l’éclaire, est cet éclat en elle inachevé. Le peintre accouche d’une nuit dont il livre à la fois le déchirement et l’éclat. Fragments d’abîme cette nuit est conçue pour accoucher du jour. Rapée jusqu’à l’os, toujours au même endroit, elle est faite pour endurer des naissances.